

Les casernes Saint-Jacques de Perpignan, transformées depuis 1956 en logements sociaux (Al Puig, 81 logements), ont été édifiées de 1683 à 1686. Elles ont été alors bâties sur un vaste terrain rendu en grande partie libre par les désastres du siège de 1642, entre la courtine, les Carmes déchaux et l'église Saint-Jacques. Il ne fallut exproprier que 9 maisons d’ailleurs déjà démolies. De même pour dégager la place d'armes devant les casernes, la place du Puig actuelle, on n'eut à démolir qu'une seule maison et à exproprier 5 patus. Les quatre bâtiments pour les soldats (à 3 niveaux plus un comble) sont alors ponctués aux angles de pavillons (à 4 niveaux) pour les officiers. Les bâtiments pour les soldats étaient traversants avec des murs de refend porteurs, deux escaliers desservant chacun deux chambres, à 2 lits pour 3 soldats chacun. Ils sont regroupés autour d'une vaste cour bordée de galeries à arcades qui ne sont pas sans rappeler l'architecture classique.
En fait, ces arcades n’ont été construites que 160 ans plus tard, et les fenêtres en façade percées de 1840 à 1845, afin de faciliter la desserte des chambrées. Auparavant les façades extérieures étaient alors aveugles, les cheminées, pour faire la cuisine, étant en façade et il n'y avait d'ouvertures que sur les cours. Ces dernières n’étaient pas munies de fenêtres, mais seulement de volets, ce qui n'était pas sans poser de gros problèmes, quand il fallait faire du feu en hiver Les pavillons pour officiers comptaient un seul appartement par étage de trois pièces, dont deux avec cheminées et munies de fenêtres.
Il n'y avait aucune installation d'eau. Les latrines seront construites sur le rempart à quelques dizaines de toises. La réalisation des casernes Saint-Jacques est une adaptation assez libre aux conditions locales (plan, matériaux et pentes des toits) du plan type établi par Vauban quelques années auparavant et diffusé par Louvois en 1680 «ainsi qu'il veut qu'elle soit construite dans toutes les places ». Le projet fut adjugé le 21 mai 1683 (ADPO 1618). Les casernes étaient achevées lors du passage de Vauban en Janvier 1686 qui les trouva « fort bien faites » (SHD). Dès 1718, des réparations seront nécessaires. C'est vraisemblablement à cette époque qu'on aménagera les casernes uniquement pour les soldats (800 hommes) et que des écuries pour 160 chevaux seront installées à proximité.
Ce sont les aménagements du XIXe siècle qui ont transformé toute l'architecture d'un bâtiment utilitaire et très économique. La transformation des casernes en cité HLM au milieu du XXe siècle a transformé la distribution intérieure, mais sans altérer les grandes lignes de l’architecture utilitaire du XVIIe siècle revue et embellie au XIXe siècle. Quant à l’urbanisme aux alentours des casernes, il est encore aujourd'hui celui des Ingénieurs du Roy.
A. de Roux
Sources : De la place forte à la ville ouverte, tome I p. 113/114, 463 - relevés Atlas des Bâtiments militaires, photos du plan-relief de 1686, photos et cartes postales.
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